Fondée en 1803, la bibliothèque de Colmar fut constituée à l’origine par la réunion des librairies monastiques de la Haute-Alsace, mises à la disposition de la nation dès 1789.

Parmi les bibliothèques confisquées aux communautés religieuses, citons, entre autres, celles des abbayes bénédictines de Murbach et de Munster ; cisterciennes de Lucelles et de Pairis ; des couvents dominicains de Colmar, Guebwiller et Schönensteinbach ; des chanoines de Marbach ; des Antonins d’Issenheim ; des frères mineurs de Rouffach, Kaysersberg, Ensisheim et Thann ; de la collégiale Saint-Martin de Colmar.
Deux grandes collections d’origine laïque furent également saisies : celle des seigneurs de Ribeaupierre, qui offre, parmi ses quelque 2 500 titres, un nombre considérable de raretés typographiques des XVe et XVIe siècles, et celle de la Tabagie Littéraire de Colmar, société littéraire supprimée en 1793.
Ce fonds primitif d’environ 50 000 volumes est remarquable par son excellent état de conservation, son bel ensemble de manuscrits et son exceptionnelle richesse en incunables et en impressions du XVIe siècle.
Les manuscrits sont au nombre de 1 130. Les plus anciens et les plus précieux sont 4 survivants (on en connait 12 au total) de la bibliothèque de l’abbaye de Murbach à l’époque carolingienne. On accordera également une mention spéciale aux nombreux manuscrits à peinture ou à décor antérieurs au XVIe siècle, à un groupe de manuscrits du XIe au XIIIe siècle comportant des notations musicales et à une série de gravures du XVe siècle insérées dans des manuscrits provenant presque tous du couvent dominicain d’Unterlinden de Colmar.

Riche de quelque 2 300 volumes, le fonds d’incunables (du latin incunabula "le berceau" : livre imprimé depuis les débuts de l'imprimerie vers 1455 jusqu'à la fin de l'année 1500) est l’un des plus importants de province. Avec les productions des plus célèbres officines de Mayence, Strasbourg, Bâle, Nuremberg, Cologne…, les impressions d’origine germanique, et plus particulièrement rhénane, y sont largement représentées. S’y ajoutent de forts groupes d’incunables italiens (vénitiens surtout), parisiens et lyonnais.
Témoins de l’activité des presses de Strasbourg et de Bâle notamment, les impressions du XVIe siècle sont en nombre considérable dans les fonds d’origine de la bibliothèque. Elles sont particulièrement intéressantes pour les chercheurs, notamment en raison de leur richesse en textes des différentes réformes protestantes et en livres imprimés à Colmar où l’imprimerie fut introduite en 1523 par Amandus Farkall.

Nous vous rendons attentif au fait que ces collections sont en cours d’informatisation et ne sont actuellement que partiellement signalées dans notre catalogue !